Chansons populaires

Le corsaire le grand coureur : Paroles et origines de la chanson

Le folklore français a été constitué par un très grand nombre d’évènements traditionnels et historiques. Les chants qui le composent sont les fruits de périodes historiques intenses, éprouvant le besoin intrinsèque de laisser une trace dans l’histoire. La chanson « le corsaire, le grand coureur » est un réel exemple de cette volonté qu’a l’histoire de se raconter d’elle-même. Cette chanson est imbibée d’une histoire, de toute une ère, et continue de susciter, chez un grand nombre de personnes, des sentiments divers : fierté, sentimentalisme, etc. Allons à sa découverte, à travers ses origines et ses paroles.

Sommaire

Les paroles

Le corsaire le Grand Coureur,
Est un navire de malheur
Quand il s’en va croisière,
Pour aller chasser l’Anglais

Le vent, la mer et la  guerre
Tournent contre le Français.
 Allons les gars gai,  gai,
Allons les gars gaiement !

II
ll est parti de Lorient
Avec mer belle et bon vent
Il cinglait babord amure
Naviguant comme un poisson
Un grain tombe sur sa mature
V’la le corsaire en ponton.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
III
Il nous fallut remater
Et bougrement relinguer
Tandis que l’ouvrage avance
On signale par tribord
Un navire d’apparence
A mantelets de sabords.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
IV
C’était un Anglais vraiment
A double rangée de dents
Un marchand de mort subite
Mais le Français n’a pas peur
Au lieu de brasser en fuite
Nous le rangeons à l’honneur.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
V
Les boulets pleuvent sur nous
Nous lui rendons coups pour coups
Pendant que la barbe en fume
A nos braves matelots
Dans un gros bouchon de brume
Il nous échappe aussitôt.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
VI
Nos prises au bout de six mois
Ont pu se monter à trois
Un navir’ plein de patates
Plus qu’à moitié chaviré
Un deuxième de savates
Et le dernier de fumier.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
VII
Pour nous refaire des combats
Nous avions à nos repas
Des gourganes, du lard rance
Du vinaigre au lieu du vin
Du biscuit pourri d’avance
Et du camphre le matin.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
VIII
Pour finir ce triste sort
Nous venons périr au port
Dans cette affreuse misère
Quand chacun c’est vu perdu
Chacun selon sa manière
S’est sauvé comme il a pu.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
IX
Le cap’taine et son second
S’ont sauvé sur un canon
Le maître sur la grande ancre
Le commis dans son bidon
Ah le sacré vilain cancre
Le voleur de rations.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
X
Il eut fallut voir le coq
Et sa cuisine et son croc
Il s’est mis dans la chaudière
Comme un vilain pot au feu
Il est parti vent arrière
attérit au feu de Dieu.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
XI
De noter horrible malheur
Seul le calfat est l’auteur
En tombant de la grand’hune
Dessus le gaillard d’avant
A r’bondi dans la cambuse
A crevé le bâtiment.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement
 
XII
Si l’histoire du Grand Coureur
A su vous toucher le coeur
Ayez donc belles manières
Et payez-nous largement
Du vin, du rack, de la bière
Et nous serons tous contents.
 Allons les gars gai, gai
 Allons les gars gaiement

Écouter la chanson

Origines

Les chants marins ont la particularité d’être assez nombreux, et variés dans les thèmes, les époques et bien d’autres éléments encore. Le corsaire le grand coureur fait partie de cette panoplie de chants marins d’époque. Ses origines remonteraient aux guerres d’empire au début du 19e siècle. Sa première publication remonterait, d’ailleurs, en 1842 dans le célèbre journal marin, La France Maritime, et son thème d’écriture est digne des plus grandes traditions maritimes.

Les guerres de l’empire

Se déroulant entre 1803 et 1815, les guerres de l’empire ou encore les guerres napoléoniennes ont succédé aux guerres de la Révolution française de 1789 à la fin du 18e siècle. Elles se sont tenues tout au long du Premier Empire, d’où le surnom de ces batailles. Plusieurs coalitions se sont mises en place, et un arsenal militaire conséquent a été constitué sur tous les fronts possibles. On peut compter, au profit de cet arsenal militaire gigantesque, d’importantes flottes maritimes, avec des navigateurs hors pair à la manœuvre. Il semblerait que le chant le corsaire le grand coureur naquit sur l’un des bateaux de ces garnisons. Sûrement créé, comme la plupart des chants marins, pour donner la cadence au travail, ce chant est identifié comme un chant marin à virer au cabestan, l’un des types de chants marins les plus courants.

Un chant marin à virer

Plusieurs catégories de chants marins existent suivant les deux grands types :
  • Les chants marins de travail ;
  • Les chants marins de détente.

Le corsaire le grand coureur est de type chant marin de travail de la catégorie des chants à virer. Concrètement, les chants à virer sont ces chants composés pour donner du rythme au travail fourni par les matelots pour amorcer le départ d’un bateau. Virer en langage marin signifie lever l’ancre, et cela se fait grâce au cabestan. Ce dernier est un gros treuil qui ne peut être levé que par une marche cadencée des matelots. Cette cadence est donc donnée par un chant à virer tel que le corsaire le grand coureur.

Le renouveau

Les chants marins ont eu une grande renommée aux 18e et 19e siècles. Ils ont, ensuite, plutôt disparu, car les bateaux à voile avaient disparu eux aussi. Ce n’est que vers les années 70 que ces chants ont revu le jour, et ont même connu un renouveau terrible. Le célèbre groupe français Djiboutjeb qui a fait des reprises et des créations des chants marins leurs spécialités en a été pour beaucoup dans ce renouveau. L’un de ses membres, en l’occurrence Mikael Yaouank, a fait une magnifique reprise du chant le corsaire le grand coureur, qui a donné à celui-ci, une nouvelle renommée mondiale. Découvrez-en les paroles, qui vous feront, à coup sûr, remonter le temps.

 

 

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Antoine

Prof de musique au collège, j'essaye d'apporter une touche d'originalité et d'énérgie à mes cours afin que mes élèves ne s'ennuient pas trop !

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One Comment

  1. Bonjour
    C’est trop réducteur d’affirmer que les chants à virer sont amorcés pour le départ d’un navire, de plus, « virer » ne signifie pas lever l’ancre. On vire souvent au guindas pour lever l’ancre, mais lorsqu’il s’agit de virer au cabestan, on peut virer pour plein de choses, pour descendre une chaloupe, pour accoster, pour étarquer une voile etc. de même que la marche cadencée est relative.

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